LE TRAVAIL PAIR

(en santé mentale)

En France un travail a été initié avec de nombreux partenaires, sur la formation, la professionnalisation des travailleurs pairs, leur positionnement et leur champ d’actions. Dans les Bouches-du-Rhône, cette réflexion a mené à une collaboration entre le centre de formation au rétablissement (CoFoR) porté par l’association Solidarité Réhabilitation et l’Institut régional du travail social (IRTS). Dans le Rhône, un diplôme universitaire (DU) a été créé en 2019 par l’université Claude Bernard Lyon 1 en partenariat avec le Centre Hospitalier du Vinatier, encouragé par le déploiement du centre support de réhabilitation psychosociale (CRR). Dans la capitale, l’Université Paris 13 propose une licence professionnelle, coordonnée par le centre collaborateur pour l’organisation mondiale de la santé (CCOMS).

Depuis 2012, l’intérêt porté au savoir expérientiel s’est affirmé ; malgré tout, le développement du travail pair sur le territoire français prend du temps.

1 – ÉTAT DES LIEUX

Aujourd’hui, en fonction des dispositifs dans lesquels ils sont impliqués, les travailleurs pairs remplissent des missions de natures différentes. En effet, dans le champ de la santé (mentale), le travail pair se diversifie progressivement et regroupe aujourd’hui un ensemble de pratiques et d’activités professionnelles (le soin, la formation, le social, etc.). Malheureusement, le nombre encore trop limité de formations (certifiantes, diplômantes ou qualifiantes) et l’absence du métier sur les listes établies par les commissions paritaires nationales de l’emploi des branches professionnelles, participent au manque de reconnaissance professionnelle : le métier n’est pas encore inscrit au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP).

MISSIONS :

Cette situation, qui a tendance à ralentir l’essaimage et le développement de la pratique professionnelle, présente pourtant des avantages. En novembre 2019, nous avons réalisé une enquête quantitative portant sur la situation professionnelle des travailleurs pairs. Ce travail de recensement a été réalisé pour une intervention dans le cadre du colloque « EXPAIR’s » qui s’est tenu à Rennes (le 16 novembre 2019). Ce graphique révèle un manque, dans l’harmonisation des pratiques et des situations socio-professionnelles des travailleurs pairs. Cependant, il donne un aperçu de la diversité des missions qui peuvent être confiées aux médiateurs. L’axe horizontal comptabilise le nombre de personnes concernées par les postes qui figurent sur l’axe vertical :


SALAIRE :

Les difficultés rencontrées dans l’identification des domaines de compétences et du référentiel métier se traduit par des évolutions de carrières peu commodes et un manque de reconnaissance professionnelle. Pour les mêmes raisons, la progression des salaires des travailleurs pairs est inégale. En 2019, le revenu moyen d’un pair aidant professionnel en santé mentale contractualisé ou titulaire est de 1480 euros (nets d’impôts). Bien que l’information ne soit pas lisible sur ce graphique, il est à noté un revenu sensiblement plus élevé dans le système associatif. Cet écart peut s’expliquer par une plus grande flexibilité dans la gestion des ressources humaines des associations, comparativement à celle d’institutions plus structurées.


EMPLOYEURS :

Les lieux d’exercice du métier sont aussi variés que la nature des missions confiées au pairs aidants professionnels. Sur l’ordonnée figure le nombre de médiateurs de santé pairs concernés par les lieux d’exercice donnés en abscisse. Il sont répartis de la manière suivante :En complément, nous pouvons préciser que dans les hôpitaux publiques et les cliniques privées, la proportion de contrats à durée indéterminée (CDI) est plus importante que dans les associations qui privilégient majoritairement les contrats à durée déterminée (CDD).


2 – LA PROFESSIONNALISATION DE LA PAIR AIDANCE

Depuis 2012 (date de démarrage du programme « médiateurs de santé/pair » lancé par le CCOMS), concernant les médiateurs de santé/pair, les administrations restent frileuses à bien des égards. Nous faisons le constat que les budgets dédiés à l’étude et à la recherche sur la pair-aidance ont été très importants comparativement à ceux qui ont été injectés pour favoriser la mise en place et le développement concret et pratique du métier de « travailleurs pairs » ; autrement dit, le recrutement. Pour exemple, sur la région PACA (environ 5 000 000 d’habitants) qui est le secteur géographique le mieux fourni dans ce domaine, on répertorie à peine 25 médiateurs/pairs salariés alors que leur utilité est avérée, notamment par la complémentarité qu’ils apportent aux services qui font appel à eux.

Plusieurs membres actifs de l’association ont travaillé, et travaillent encore, pour l’assistance publique des hôpitaux de Marseille (ap-hm) comme agents contractuels ou bien comme titulaires de la fonction publique hospitalière. Dans certains services psychiatriques de l’assistance publique, il ont contribué au développement de la philosophie du rétablissement en intégrant certains outils incontournables et ont renforcé les équipes pluridisciplinaires sur dans l’évolution des thérapeutiques (psychoéducation, éducation thérapeutique, animation de groupes, etc.).

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