RÉTABLISSEMENT = PROCESSUS

Le rétablissement est un processus individuel qui débute lorsque la personne le décide. En effet, il incombe à chacun, avec l’aide des autres, d’agir et de faire ce qu’il faut pour continuer à aller bien.

Voici une définition du processus de rétablissement par Shery Mead et Mary Ellen Copeland :

“ L’objectif ultime de l’expérience de rétablissement n’est pas nécessairement de retrouver la santé en terme de rémission de symptômes. Il s’agit plutôt pour une personne, de parvenir à l’utilisation optimale de ses ressources personnelles et environnementales afin d’atteindre un état de bien être et d’équilibre dans les conditions de vie qu’elle même aura choisies”.

Shery Mead & Mary Ellen Copeland

Il est admis que le parcours de rétablissement est un processus non linéaire qui peut être décomposé en plusieurs niveaux de lecture. Il n’est pas nécessaire de « valider » une étape pour passer à la suivante. Il s’agit plutôt d’une grille de lecture pour se situer dans son propre parcours et évaluer les axes de progression.


1 – LES ÉTAPES DU RÉTABLISSEMENT

LE CHOC →LE DÉSESPOIR→LE CHANGEMENT→AGIR/COURAGE→RESPONSABILISATION

LE CHOC 

Lorsque les symptômes de la maladie apparaissent, nous sommes confrontés à la réalité. Admettre que son état de santé s’est dégradé et qu’une problématique de santé psychique est apparue peut être compliqué et provoquer une émotion violente : « je fonctionne de façon anormale – ça ne peut pas m’arriver, à moi ! ». Un choc émotionnel ou encore une perte du contrôle peuvent alors émailler le fonctionnement.

LE DÉSESPOIR

Après l’étape du choc, il peut arriver que l’on se sente « perdu », « incapable », « inguérissable » ou « inutile » et avoir des difficultés à réfléchir, à se concentrer et à se projeter vers l’avenir. On pense alors que la situation est sans issue. Le danger consiste à réduire sa vie à la considération : « je suis malade ».

LE CHANGEMENT

L’étape du changement consiste en une modification de la posture et de l’appréciation de la situation. On est alors en mesure de remettre en question les considérations des niveaux précédents. Des solutions apparaissent, deviennent « possible » et des options pour changer sa vie émergent. Durant le même temps, la peur du changement est présente et elle peut parfois inhiber les nouvelles ambitions.

AGIR ET COURAGE

Arrivés à ce stade, on se sent prêt au changement et disposé à modifier sa vies. Les motivations internes sont présentes. L’espoir est de retour, mais il peut être encore un peu compliqué de s’organiser et trouver comment s’y prendre pour changer les choses. Cependant, on adopte une attitude positive, d’ouverture et d’acceptation. La recherche de solutions et le travail sur l’ambivalence au changement prédominent. La balance décisionnelle est alors un outil intéressant.

RESPONSABILISATION

On retrouve du pouvoir sur sa vie et on est prêt à réaliser les objectifs nécessaires à l’atteinte de notre but. On sait quel chemin emprunter pour y parvenir. Arrivée à la dernière étape, la personne est en capacité de demander du soutien et de proposer son aide, à son tour. A ce stade on cherche une sensation de bien-être, on cherche une forme de stabilité et le travail sur l’obtention d’une vie meilleure est quotidien.


2 – LE SAVOIR EXPÉRIENTIEL

Le savoir expérientiel est une composante essentiel du parcours de rétablissement et un outil nécessaire au médiateur. Dans l’exercice de la médiation en santé / pair, ce savoir est tiré de l’expérience de la maladie, de l’hospitalisation, de la médication et de l’utilisation du système de santé. Cette expérience permet au médiateur de se situer dans l’accompagnement, en lien avec le cheminement et le projet de vie des usagers qu’il soutien. Il favorise le partage qu’il s’agisse d’expériences sensibles ou de sentiments.

Il peut arriver que la stigmatisation et l’auto-stigmatisation réduise la personne à n’être « qu’un usager » du système de santé, un « malade ». La nature de la relation que va tenter d’instaurer le MDSP peut alors constituer un solide point d’encrage pour la personne qu’il soutien.

Le MDSP a expérimenté un certain nombre de situations, complexes. Il parfois rencontré des obstacles qui lui paraissaient infranchissables, et il a appris à les surmonter. Il a vécu l’expérience du trouble psychique  (bipolarité, bouffée délirante, schizophrénie, anxiété, addictions…) et il est parvenu à s’en remettre. Cette connaissance spécifique doit être utilisée au profit des personnes rencontrées mais également pour enrichir la boîte à outils des équipes traitantes.

C’est la possibilité, pour le médiateur, de divulguer son expérience du trouble psychique qui le différencie de l’intervention des autres intervenants (soignants).

Dans la pratique de la médiation le recentrage sur le vécu de la personne, ses impressions, ses sentiments, est primordiale, l’espoir constituant le mot d’ordre du médiateur. Il est essentiel de croire aux capacités de la personne de se rétablir. Cette relation singulière à pour objectif spécifique de susciter, chez les usagers, l’idée qu’une vie meilleure est possible.

LA RESPONSABILISATION

Apprendre à se faire du bien est essentiel (bien dormir, bien se nourrir, faire du sport). Si le traitement médicamenteux peut apporter une réponse biologique satisfaisante, l’hygiène de vie fait partie intégrante du parcours de rétablissement.

Dans le parcours de rétablissement la prise de risque est omniprésente et essentielle. Il est souvent nécessaire d’accepter de sortir de sa zone de confort et de faire preuve de courage. Dans de telles circonstances, il est important de s’approprier le droit à l’erreur. L’erreur ou le « mauvais choix » n’est pas un échec. Elle est source d’apprentissage. Elle permet l’élaboration de stratégies nouvelles qui permettront la réussite future. Dans ces moments clefs, le médiateur a un rôle important de normalisation et de dédramatisation de la situation afin de limiter le sentiment d’échec. Il lui est possible, par exemple, de s’appuyer sur les victoires antérieures de la personne qu’il soutien.

Dans la pratique de la médiation, l’approche par les forces est un outil incontournable car elle permet « d’évaluer » régulièrement les progrès et l’atteinte d’objectifs de la personne soutenue. Le renforcement positif et la psychologie positive peuvent également être utilisés.

Dans le parcours de rétablissement l’objectif est de gagner en indépendance, d’assumer ses choix et d’être conscient de sa liberté d’action. Cette liberté peut se traduire par une mise à distance progressive du système de soin et une réorientation progressive vers les loisirs, les voyages, le travail…

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